L’opéra naît en Italie, Monteverdi et Peri sont à son berceau. Mais Londres est la ville de son enfance ; la capitale musicale et flamboyante où Bononcini et Scarlatti essayent d’introduire l’opéra italien avec un succès mitigé jusqu’à l’arrivée sur le sol britannique d’un jeune allemand au talent peu commun. Haendel débarque à Londres en 1710. Il rencontre l’éclectique Aaron Hill, homme de science et de théâtre, passionné d’histoire et constructeur de bateaux. Ce personnage éblouissant va devenir l’auteur du livret de l’opéra italien Rinaldo, mis en musique par Haendel en 1711.
Décrié par les critiques Addison et Steele, encensé par Charles Burney, Rinaldo, ancien héro d’un poème célèbre de Tasse, Jérusalem délivrée, conquiert la société anglaise du 18e siècle. Il fascine le public, captive le monde de la musique et charme la cour. Avec lui, l’opéra italien acquiert ses lettres de noblesse. Invité par la reine Anne, Haendel transcrit les airs de Rinaldo les plus aimés pour les jouer au clavecin devant quelques illustres auditeurs. Il ne pouvait qu’être apprécié aux mardis musicaux de Thomas Britton, le charbonnier érudit qui réunissait chez lui un public hétéroclite. Chez Britton, l’aristocratie et la petite bourgeoisie se rencontraient pour retrouver le goût des sonorités anciennes tout en découvrant les dernières nouveautés musicales souvent présentées par leurs auteurs. Le peuple qui avait accès aux places debout aux représentations du Haymarket Theatre, la Cour, les membres des sociétés musicales, tout Londres manifestait son enthousiasme pour Rinaldo. En chevauchant ce succès, l’éditeur John Walsh décide de publier des airs de Rinaldo «apprivoisés et façonnés» de manière qu’ils conviennent à une interprétation de chambre. La pratique était répandue et les compositeurs s’y prêtaient volontiers. Ils ne répugnaient pas à modifier l’écriture pour l’adapter à un ensemble restreint.
Ce passage curieux de la représentation théâtrale, avec ses apparats et ses machineries, à l’intimité de la lecture de chambre, concentrée sur la partition et sa construction, a été le point de départ d’une réflexion proposée par NEA à l’ensemble Hypothesis et aux jeunes architectes de la Faculté d’Architecture de l’Université de Gênes. La recherche sur la partition et l’interprétation d’une version de chambre de Rinaldo a abouti au programme « Rinaldo curiously fitted and contrived », reprenant le titre de l’édition Walsh, enregistré en 2002, pour le label Solstice. Le travail sur la scénographie et son évolution ainsi que sur les différentes façons de lire et relire un poème chevaleresque à diverses époques, et pour des publics divers, est à l’origine de l’exposition. Les parcours proposés par ses 4 sections se terminent par un regard contemporain sur la figure de Rinaldo : un dessin au fusain de l’architecte et dessinateur Gaspare de Fiore et les gouaches de la peintre Anna Porcelli.
L’exposition a été conçue par Henry Bonnière, Luisa Cogorno, Anna Maria Parodi, Cinzia Zotti. Elle a été présentée pour la première fois, en version italienne, à l’Oratorio della Marina à Gênes et en version française au Carré d’Art de Nîmes.
Les textes des panneaux sont en français.
FICHE TECHNIQUE
16 panneaux (100×100) (cm) – env. 200 g/panneau – 2 crochets/panneau
4 panneaux (30×60) (cm) – polystyrène sculpté – env. 150 g/panneau
L’exposition est organisée en 5 sections:
Panneau de présentation générale – 1 panneau
1 ère section : Le théâtre et la « chambre » –
L’opéra et ses « débuts » : le monde musical londonien au 18e siècle – 6 panneaux
2 ème section : L’art de la scénographie de la Renaissance à nos jours : 4 exemples – 4 panneaux
3 ème section : L’histoire de Rinaldo dans l’iconographie – 4 panneaux
4 ème section : Un poème chevaleresque à l’usage des plus petits – 3 panneaux
5 ème section : Hommage à Rinaldo :
Gaspare de Fiore et Anna Porcelli dessinent pour l’exposition – 2 panneaux